Le paradis? Et quoi encore?

par **Aurore** Ven 23 Juil - 4:21

Que celui qui prétend vouloir aller au paradis se tire la première pierre. Qu'est-ce? Ai-je senti une hésitation? Il semblerait qu'encore une fois l'étonnement m'aie compris avant l'entendement. C'est que la peur, maitresse en la matière, y a songé bien avant vous: est-ce vraiment ce que vous voulez?

Qui va au paradis? «Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!» Voici comment le Messie entame son sermon sur la montagne; prologue à tout salut et salut à toute logique. Laissez votre raison à l'ange portier d'éden: ce qui vous attend n'aura de sens que si vous ne le comprenez pas. Mais quelle compagnie cela vous laisse-t-il? C'est en Hadès que les Platon, Thucydide, Euripide et autres Cicérons s'adonnent à la conversation. Vous n'aurez droit qu'aux pieusement simplets et aux saintement dadais, frères des austères bénédictins et des inaptes adeptes de Calvin.

Mais que font un amas d'amateur dans une pension, mis à part s'adonner à leur passion? Si l'idéal terrestre du chrétien est le cilice, que devrions nous attendre des cieux? Ne jugeons point le repas à l'entrée. L'ironie, loi universelle s'il en est une, veut que les gens de foi soient de parfaits épicuriens: s'ils acceptent un maux, ce n'est qu'en prévision d'un plus grand plaisir. Ils entrevoient une débauche hypocrite pareille à celle des souris qui, invisibles une fois dans l'estomac du chat, profitent de cette chaude intimité pour copuler. Que devons nous en déduire? Le paradis serait en fait... hors de la porté de Dieu?

Cela est toujours mieux que l'enfer, me dites vous. Vraiment? Quelle pulsion morbide se cache sous la divine béatitude? Qu'est-ce que votre paradis sinon l'antre de cette ultime télévision qui vous permettra enfin de vous oublier à perfection? Mais concevez plutôt ceci: la douleur est signe de vie, qu'est ce que l'enfer sinon la vie éternelle?

Merdouille... ça m'as pris trois heures mais j'en suis fier!

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