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Message par Vent du Nord Mar 22 Juin - 15:59

L'histoire d'Ayane Saki, créée à la base pour le forum BleachRegeneration :
Bonjour, si vous lisez ces lignes c’est que le monde que je connaissais et que je chérissais tant s’est évanoui depuis un bout de temps déjà. En fait le temps que je mette à écrire lesdites lignes. Si vous lisez ces lignes c’est que je me suis écarté de la Voie pour jouer mon rôle, un rôle sans véritable influence à grande échelle. Voulez-vous que je vous conte mon histoire ? Allons-y …


1er décembre 1906, un des jours que je déteste, ma naissance. Pourquoi ? Ha ! Arrêtez de me faire rire, surtout que vous comprendrez bien plus tard quand vous aurez connaissance de mon histoire, celle de ma funeste vie. Donc je disais, ma mère me mit au monde dans cet endroit miteux qui allait devenir ma maison pendant les 18 prochaines années de ma vie. Elle mit à bas dans sa demeure, loin des regards indiscrets, car voyez-vous, j’étais le fruit d’une passion interdite. En vérité je découvris ce fait bien plus tard. Accrochez-vous bien je continue. Donc, mes cris emplirent la cave et ma mère me fit taire rapidement, à peine née et déjà battue … Oh ne vous inquiétez point je n’en pas vraiment souffert, juste que ceci explique cela, je vous conseillerai juste, avant d’aller plus loin, de faire attention au moindre détail. Ainsi donc ma vie débuta bien tristement.

Les premiers mois furent tout ce qu’il y a de plus banal dans la vie d’un nouveau né, peu de nourriture pour qu’il ne grossisse pas, laissé à l’abandon, sans ami et sans amour pour qu’il apprenne à se débrouiller tout seul … Non ? Cela ne devait pas se passer ainsi ? Cela aussi je l’appris bien plus tard. Bref le plus important pour que vous compreniez bien ma situation est que j’eu un départ difficile dans la vie. Pauvres, mes parents n’eurent jamais le minimum pour me nourrir et se nourrir eux-mêmes et je passais le plus clair de mon temps sans vêtement. Cela ne me posa aucun problème, à ce stade là du moins.

1er décembre 1907, le jour de mes un an ! Quelle joie … Quelle fête … Quelle … Horreur … Pour l’occasion, dans ma prison, j’eu le droit de fêter un an d’horreur, de terreur, de folie et de fureur refoulée. Pour être franche je ne m’en souviens pas vraiment, du moins en image. Ce sont les sensations qui sont restées intactes en moi. Mes parents revinrent de leur travail – je n’ai jamais su à quoi ils s’adonnaient – et me sortirent de la cave pour me montrer la maison. Ce fut ma première fois. Entièrement nue, je passai ma soirée à « découvrir le monde ». Mais mes illusions folles furent vite mises au pas et mes bourreaux me remirent en cellule, ma véritable maison.

1913, j’ai vachement grandi ! Durant les 6 dernières années de ma vie j’appris à parler et marcher mais aussi à écrire et à raisonner. Je n’avais toujours pas vu le grand extérieur même si mon domaine était passé de la cave à la maison. Mes parents s’étaient rendus compte que personne ne risquaient de me découvrir, vu qu’ils empêchaient quiconque de s’approcher de la maison. Pour être positive, je dirai que je vécu, tout simplement, ni plus ni moins. Jusque ici en tout cas … Car c’est en cette année 1913 – ne me demandez pas la date exacte, je ne saurai le dire – que ce monde-ci s’effondra autour de moi comme quand on souffle sur un château de carte. Voulez-vous savoir pourquoi ? Êtes-vous prêt à lire dans mes prochaines lignes peur et horreur ? D’accord, prenez place … Avez-vous déjà entendu cette expression : « j’ai été brisé » ? Oui sûrement, beaucoup adore l’utiliser en prétextant des problèmes d’amour ou encore de santé, à tort bien-sûr … Laissez-moi faire le lien avec mon histoire. J’ai été brisée …
Ce jour là avait pourtant démarré si bien. Je m’en rappel encore, j’avais réussi à détourner l’attention de mes geôliers et mon échappée n’en fut que plus facile. Je voyais enfin le vrai monde. J’avais 7 ans et le monde m’appartenait. Enfin la caresse du vent, l’odeur de l’herbe et de la soupe chaude à l’ail que le voisin préparait. Tout un panel de sensations qui s’ajoutait à mes connaissances restreintes. Je me baladais dans le quartier, n’imaginant pas un seul instant mon retour dans ma prison, et je voyais d’autres personnes. D’ailleurs celles-ci me dévisagèrent, en tout cas j’étais confiante, ne comprenant pas encore ce que cette expression du visage voulait dire. En effet j’avais 7 ans, le monde m’appartenait mais j’étais naïve … Le fait que l’on me dévisageait, je m’en rends compte à présent, venait de ma nudité. J’étais nue comme un ver, naïve et exposée au monde. Ce qui ne tarda pas d’attirer du monde … Voyez-vous je marchais tranquillement, m’émerveillant devant la beauté surnaturelle d’un paysage quant on m’agrippa. La force avec laquelle je fus tirée me choqua et je ne pus rien faire, du haut de mes 1m20. Tout se passa extrêmement vite, mais quand on les vit les choses paraissent beaucoup plus longues. C’est pourquoi je ferai durer le plaisir, je suis sûr que votre compréhension en sera facilitée. Je disais donc qu’une force m’agrippa violemment par la manche et me tira dans une ruelle sombre. Sur le coup j’étais étourdie et le décor tournoyait autour de moi à une allure folle jusqu’à ce que ma vision se stabilise sur deux têtes. Ce n’étaient pas mes parents. Même ceux qui m’avaient engendré ne m’avaient jamais bousculé autant. Leurs yeux étaient noirs, leurs cheveux noirs, leurs habits noirs, même leurs peaux mattes rappelaient cette couleur sombre. Dans leur regard, je ne décelais quelque chose d’effrayant, comment voulez-vous qu’à 7 ans je fasse la différence entre lueur de désir, folie et sadisme ? Comment voulez-vous qu’à 7 ans, pratiquement sans éducation, j’arrive à distinguer bien et mal ? Ces personnes, d’instinct, ne m’inspiraient pas confiance, c’est indéniable, surtout par leurs apparences, mais que pouvais-je faire ? Crier ? Personne ne serait venu … Me débattre ? A quoi bon … L’instinct me disait quoi faire mais mon intellect me remettait de suite à ma place. Alors que je voyais leurs horrifiants visages et que ma raison me délaissait, j’abandonnai tout espoir … J’étais piégée … Une chose humide me chatouilla le pied mais alors que je regardais pour constater que c’était tout simplement la langue du premier homme, je sentis une main dans mon dos. La langue montait, la main descendait … Alors que la raison m’avait abandonné lâchement, je l’abandonnai à mon tour. J’essayai en vain de me débattre, mes cris retentirent une demi-seconde avant d’êtres étouffés par un gros morceau de chiffon sale sentant l’essence. J’étais tout bonnement impuissante. Et alors que la langue et la main continuaient leurs chemins, je versai des larmes. Pour la première fois de ce que je puis me souvenir, ce fut la première fois et l’avant-dernière d’ailleurs. Les larmes coulèrent toutes seules, d’abord à cause de l’impuissance et du désespoir puis de la douleur et de la souffrance. Car oui, après l’excursion des deux membres sur mon corps gênante mais point douloureuse ce fut autour de choses bien plus terribles de faire connaissance avec mon frêle corps. Dans une radicale opposition ce qui s’ensuivit vint à l’intérieur et cela fit mal … Très mal … Le chiffon ne suffisait plus à retenir mes cris, une main se plaqua sur ma bouche. Et pourtant, j’avais l’impression que l’on me déchirait. L’intérieur de mon corps était en feu, je ne savais plus comment respirer, toutes mes fonctions vitales m’abandonnaient, comme l’avait fait ma raison et mon espoir plus tôt. J’appréhendais chaque à-coup, source d’infinie souffrance, et cette vague arrivait à chaque fois. Et alors que je pensais quitter la vie, tout s’arrêta. Le temps était une notion qui m’était totalement étrangère en cet instant, je ne savais pas depuis combien de temps la torture s’était arrêtée, je ne savais du tout depuis combien de temps j’étais allongée là. D’ailleurs … Je ne savais pas où j’étais ni si j’étais allongée ou assise ni même si je vivais encore …

25 décembre 1916, 3 années ont passé depuis ma première défaite face au monde. Je ne peux pas dire que cela ne m’affecta pas. Ces 3 années ne furent que partagées entre lit, sol et gamelle … 3 années de nouveau enfermée dans ma cave, que je voyais désormais comme mon refuge, ma forteresse. Je me nourrissais par instinct, je m’allongeais sur le sol froid et je dormais. En réalité je dormais très peu, mes songes habités par des coquemars, lutins diaboliques me faisant revivre mon passé à l’infini. Mais ces 3 ans me furent bénéfiques après mon traumatisme. Je me remis enfin. Et c’est en ce jour de fête, le 25 décembre 1916, que je refis mon apparition dans la maison. Mes parents, qui m’avaient retrouvé presque morte à deux pas de la maison, montrèrent pour la première fois dans ma pathétique existence une forme d’amour. Ils étaient contents, contents de mon rétablissement. Ils m’offrirent des habits, choses que je leur avais demandé, et du papier avec de l’encre. Ils pensaient qu’écrire me permettrait de m’évader, d’oublier ou encore de passer le temps. Et pour une fois, j’étais en accord avec eux. Je commençai à écrire au lieu de rester allongé à ne rien faire, et une passion pour cet art naquit en moi.

1921, aucun point de comparaison avec la petite fille qui mettait pour la première fois dehors le bout de son nez riquiqui. J’avais alors 15 ans et l’adolescence fit de moi une fille d’une beauté parfaite. Même si à ce stade de mon histoire ce n’est pas cela qui nous intéresse mais plutôt le développement de ma passion pendant 5 longues années. J’avais subit une évolution radicale, j’étais autodidacte bien-sûr car avec l’écriture vint la culture. J’apprenais tout moi-même et au fur et à mesure j’enrichissais mes écrits. J’appris à écrire au passé, au futur, de la vie, de la mort, de la douleur, des gens, des sentiments mais le sujet qui me fascinait le plus restait « le moi ». Mon style d’ailleurs se portait de plus en plus vers l’écriture à la première personne et en particulier vers la retranscription de faits réels de ma vie. Bien sûr l’arrivée de la connaissance chassa de moi mes défauts de petite fille et je sortis de plus en plus même si mes parents trouvèrent ça déraisonnable, surtout ma mère. Je me promenais ainsi des heures durant, écrivant sous un arbre, à l’ombre, m’inspirant des éléments qui m’entouraient. Le contact des gens m’effraya un peu au début mais j’appris beaucoup des autres en cette période.

1922, aucun point de comparaison avec la fille simple, écrivaine que je décrivais au chapitre précédent. 1 an, une simple année pour passer du tout au tout. Oh je vous avouerai moi-même que je ne savais pas vraiment ce que je faisais, c’était plus au début un caprice de jeune femme. J’avais 16 ans et on m’avoua d’où je venais. Non pas qu’on répondait enfin à mes questions existentielles du style « D’où est-ce qu’on vient ? » et « Pourquoi vit-on ? ». Non on m’avoua d’où je venais réellement. Cela impliquait que mes parents n’étaient pas mes parents, ou du moins pas en entier … Ce qui paraissait beaucoup plus grave à mes yeux. Tout arriva un soir, mes parents rentrèrent du boulot, mais pas comme à leur habitude. Ils étaient énervés l’un contre l’autre. Mon père accusait ma mère de quelque chose. Je n’y prêta aucune attention au début, cela ne m’intéressait pas et ne me touchait pas. Je me disais simplement que ça devait sûrement arriver dans les couples. Je m’étais même préparée à leur séparation, c’est vous dire ! Mais tout ne se passa pas ainsi … Ils criaient, j’entendais. Ils criaient et je finis pas écouter. Mon père accusait bien ma mère, de tromperie pour être précise. Cela me choqua un peu, sans plus. Ce qui me dérangeait c’était les cris, je n’arrivais plus à me concentrer sur ma page qui restait indéfiniment blanche. Je finis par monter voir et leur dire de se calmer. Et alors que j’entrai dans la pièce une phrase résonna dans mes oreilles et retentit en écho dans mon esprit.
" Ce n’est pas ta fille ! "
Je m’avançai dans le salon précaire et gifla ma mère. Ce fut le geste que je regrettai souvent et pendant longtemps, mais d’autres raisons. Je quittai ainsi la maison, 2 ans plus tôt que ce que je pensais au départ, incertaine sur mes origines, en plein doute sur mes fondements. Tout ce qui constituait ma vie, je le quittai, je voulais passer à autre chose, ce fut fait rapidement. J’abandonnai l’écriture, mon ancienne passion, pour revenir sur un fait que l’on m’a fait souvent remarquer : j’étais d’une beauté rare … Et les deux années qui suivirent furent basé sur mon profit personnel grâce à cet atout.


1923-1924, décadence totale. Ce pensaient les autres de moi ? Pff je m’en fichais comme d’une guigne ! Pourquoi j’agissais ainsi ? Il y aurait beaucoup à dire je pense, et je m’analyse enfin après avoir analysé tant monde par l’écriture. Tout d’abord mon entrée dans ce monde ne fut pas facile économiquement. Ensuite l’amour n’a jamais vraiment existé pour moi. J’ai vécu une expérience qui m’a brisé intérieurement. J’avais coupé les ponts avec mes racines. En gros j’étais une adolescente capricieuse. Je voulais compenser mon ancienne pauvreté par beaucoup d’argent, je n’avais jamais été entourée d’amour donc je ne savais pas reconnaître le bon et j’en cherchais un en permanence, mon viol m’a enlevé une part de moi-même dont aucun homme ne s’emparerait à nouveau et je ne risquais pas de ternir une quelconque réputation car je venais de nulle part et j’allais partout. J’étais provocante, sexy et rusée, je sus tirer parti de mes avantages pour démarrer ma nouvelle vie. Cela commença par un vieux bourgeois qui tomba amoureux de moi au premier regard. Il m’offrit tellement de choses que je ne commencerai pas à les énumérer ici. Nous nous mariâmes et je le tuai au lit peu de temps après. Il mourut en plein effort … Le pauvre … N’empêche qu’avec l’héritage ma vie sembla beaucoup plus facile, que ce soit dans l’obtention de ce que je voulais ou dans mes recherches d’hommes. Je réussi à participer à divers festivals de riches ou bals où je ne pouvais que paraître resplendissante dans toutes mes robes somptueuses qui mettaient en valeur mes voluptueuses formes. Et ainsi de fêtes en fêtes, d’hommes en hommes, d’héritages en héritages je m’épanouissais. Vous vous demandez à coup sûr pourquoi je n’arrêtais pas alors que je devais avoir amasser une sacrée fortune, n’est-ce pas ? Pour vous répondre franchement, je crois que ce mode de vie me plaisait purement et simplement, il ne fallait pas aller chercher plus loin. J’adorais draguer en finesse, de telle manière que ce soit les hommes, même mariés, qui me draguent. J’adorais faire l’amour, ce que mes compagnons m’offraient à chaque fois. Et par-dessus tout j’adorais boucler le cercle, jeter ma précédente proie pour m’intéresser à une nouvelle. Et le jeu continuait ainsi. Deux ans oui, deux ans … Comme je le disais au début, une pure décadence.

1924, et plus précisément le 19 septembre 1924, mon histoire nous conduit dans une période de ma vie que j’ai à la fois adoré et détesté. En ce temps là mon statut social en faisait pâlir d’envie plus d’une et j’adorais ça. Le maire de la ville de Kyoto m’avait pris pour épouse. Pas mal hein ! En vérité j’avais déjà tellement d’argent que j’étais avec ce vieux débris juste pour le statut et tout ce qu’il avait à m’offrir. Je passais mes soirées dans des galas où je rencontrais des personnes aussi intelligentes et riches que moi. Cela faisais des mois que je n’avais plus changé de mari et beaucoup pensaient que je m’arrêterais là … En vérité je ne savais pas trop, il me semblait à cette époque avoir épuisé toutes les ressources potables du japon en homme riche, beau et intelligent. A tort … Cette soirée du 19 septembre 1924 fut différente de toutes les précédentes. Bon j’admets que je début fut plus qu’harassant, toujours le même gratin papotant autour des mêmes sujets, rabâchant les mêmes potins et voulant faire la bise à l’intégralité des invités. Alors que monsieur le maire me conduisait avec fierté à la rencontre d’un de ses collègues, il me semble, je me figeai sur place, le cœur palpitant et la respiration coupée. Je me dégageai sans ménagement de l’étreinte de mon futur ex-mari et me fraya un passage dans la foule, rejoignant ainsi 5 minutes plus tard celui qui avait réussi à capter mon attention. Il dégageait une aura d’autorité mélangé à une grande force morale et physique, dû sûrement à sa jeunesse. Quand il se retourna pour me faire face, il planta son regard dans le miens et nous restâmes ainsi un petit moment, juste le temps de vous le décrire. Beau visage aux traits fins encadré par deux mèches de ses cheveux noirs qui cascadaient aussi sur ses épaules, yeux d’un bleu-gris captivant, carrure d’athlète, peau blanche limite pâle. Un corps d’Apollon et qui plus est riche ! Oui car s’il était présent c’est qu’il devait au moins être riche ! Nous passâmes le reste de la soirée ensemble et quand monsieur le maire revint avec son collègue je lui dis ne plus vouloir profiter du statut et de l’argent qu’il m’offrait. Mon nouveau prince était ce bel étalon, actionnaire, dirigeant d’une grosse compagnie : Yuu Kini.
1925, année de pur bonheur, cela faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi bien. Durant mes années de libertinages j’avais parfois ressenti des moments de vides et j’étais en général plutôt déprimée mais là … C’était l’extase ! Cet homme m’aimait et je l’aimais ! Il m’apportait tellement de bonheur et d’amour que je ne savais pas comment lui renvoyer la pareille. Durant presque un an je n’eu d’yeux que pour lui et lui seul comptait vraiment. Il était tout et sans lui je n’étais rien. Je l’aimais ! Jusqu’à ce que l’on décide de se marier …

24 août 1925, jour du mariage, j’étais dans une robe cousue sur mesure pour moi, noire avec des dentelles rouges, longue et un peu bouffante, elle traînait loin derrière moi. Je me trouvais si belle et lui aussi d’ailleurs dans son costume hors de prix noir avec des lignes blanches. Journée si merveilleuse.

1925-1930, tout commença à se dégrader. Enfin pas vraiment. Je me réfugiai de nouveau dans la décadence. Je repris mon libertinage mais d’une autre façon. Alors qu’avant je passais d’hommes en hommes en me mariant avec, là je continuais d’aimer et de m’occuper de mon cher mari tout en ayant diverses relations avec d’autres hommes. Je ne sais pas pourquoi, ne me demandez pas, juste que je m’y retrouvais très bien ainsi … Et c’est ainsi que notre mariage dura. Je m’occupais de mon mari toujours plus absent, absorbé par son travail de businessman et j’allais coucher avec d’autres ailleurs. Kini ne se rendit jamais compte, enfin au début je crois. Puis la crise arriva, elle traversa les mers et toucha le monde entier y comprit le business de Kini. Il dormit de moins en moins, cherchant des solutions, heureusement que j’avais des fonds sinon nous nous serions sûrement retrouvés à la rue. Mais Kini devint presque fou, il supportait mal la situation … A moins que ce soit à cause de mes relations … ? Allez savoir, sûrement les deux à la fois ...

13 juin 1930, le premier jour du reste de ma vie … Il était tard et je rentrais d’une de mes soirées arrosées où j’avais fricoté avec un homme, nous étions rentrés chez lui et il m’avait fait l’amour. Bref j’avais but plus que de coutume. Je poussai la porte, et le regard que je vis me glaça les sangs … Kini était assit en face de moi, dans fauteuil en guise de trône, et il me regardait avec ce regard qui lui était propre, un regard meurtrier qu’il me réservait quand nous faisions l’amour. Or, ici c’est peu à propos … Il me tua … Ha je vous ai bien eu ! Non il ne me tua pas, pas de suite du moins, mais son regard était si pénétrant … Ses yeux m’avaient toujours fasciné. Le verre de vin qu’il tenait se brisa net quand il ferma le poing et quand il se leva je ne me rendis même pas compte qu’il avait en fait déjà traversé la pièce. Je pense que j’aurai pu me débattre … Mais à quoi bon ? J’avais déjà vécu bien pire dans le genre … C’est ce que je pensais, mais peu après je regrettai déjà … Il me tira au milieu de la pièce et me ligota étroitement. De toute façon je n’aurai pas bougé, c’est comme si je ne pouvais plus penser. J’accueillais presque ce qui m’arrivait comme une banalité. Pourquoi aurais-je résisté ? Il était en droit de faire ce qu’il faisait, je ne l’empêchai pas. En fait, ce qu’il me fit était pire que tout ce que j’avais connu, et pourtant il ne m’humilia pas une seule fois. Mais l’air dégouté qu’affichait le si beau visage de l’homme que j’aimais, sa brutalité, les blessures qu’il m’infligeait, ce que je m’étais infligé à moi-même durant toutes ces années, surtout les 5 dernières … Bref, mon cerveau se déconnecta et je ne fis qu’emmagasiner la douleur, si intense, une véritable torture que mon amour me faisait vivre … Mais pouvais-je l’appeler encore ainsi ? Non, bien-sûr que non. Le couteau qu’il tenait me coupait, me déchirait, me lacérait. Il sembla perdre la raison puis, après quelques heures il revint à lui. J’ouvris les yeux et je compris que je le regardais pour la dernière fois … Il pleurait, rendant son visage encore plus beau même si la situation ne se prêtait pas vraiment à ce genre d’émerveillement. Il leva le couteau un peu plus haut que d’habitude. Ses yeux cherchaient une explication dans mon regard, il voulait comprendre. J’aurai tellement voulut lui dire que j’étais désolée, qu’il n’y avait rien à comprendre, que je l’aimais. Mais il devait le faire, je devais arrêter de le faire souffrir. Il abattit son arme en un éclair, le même qui me suffit à penser : qu’y aura-t-il … Après ? Trop tard, j’étais morte.

Alors pourquoi étais-je encore ici ?!? Kini m’avait planté le couteau dans le cœur, enfonçant même un pue de la garde. Comment avais-je survécu ? La réponse était toute simple en fait. Je n’avais pas survécu ! Mon corps était sous Kini, moi j’étais là, presque inconsistant, suspendu dans les airs au-dessus de la scène macabre. J’avais supporté ma mort en silence, je ne pouvais pas continuer. Je me ruai vers celui que j’aimais tant en criant. Je le traversai. Je quittai par la même occasion la maison, j’errai ainsi sous cette forme peu de temps car un homme en robe noire vint à ma rencontre et m’envoya dans un autre monde, soi-disant meilleurs. Je demandai à voir …

1er décembre 1936, je ne sais pas si on peut encore parler d’âge mais j’aurai normalement dû avoir 30 ans. C’était mon premier jour en tant que shinigami, désolé d’avoir sauté une bonne partie de l’histoire mais je déteste écrire quelque chose de barbant. Car oui, en effet, les six premières années de ma mort furent d’un ennui … Monumental ! J’étais entré à l’académie très tôt où j’avais suivi un enseignement pour porter la robe noire. Mon internement dura 5 ans vu mon talent. Je me vis confier très vite mes armes et une division, je ne me rappel même plus laquelle. Pourquoi avoir agit ainsi ? Encore une fois, vous allez vous dire que je suis ignorante, je n’en sais strictement rien. Au début pour m’occuper car la « vie » d’un mort est d’une normalité écœurante, le premier qui me sort « mais qu’est-ce que la normalité ? » je le l’incarcère et je le torture de mes propres mains. Ha oui voilà ! Ma division était la 9ème car je m’occupais des prisons de la Soul Society. En vérité pas vraiment, j’y travaillais pour être plus précise et je m’occupais de ses prisonniers … Le shikai fut à ma portée très rapidement, ce qui contribua à mon habilité dans mon métier. Je devais faire parler les gens et je peux vous assurer qu’ils parlaient, ils me dévoilaient tout, même ce dont je n’avais strictement rien à faire ! J’effectuais ma tâche ardeur mais ne croyez pas que j’y prenais goût. D’une certaine façon j’avais connu cette torture durant ma vie : violée, humiliée, torturée, violentée … Sans avoir connu ça comment aurai-je pu faire mon travail aussi bien ? Je me le demandais moi-même.

1er décembre 1944, je reçois l’ordre de quitter le Seireitei ainsi que la Soul Society. Pourquoi ? Attendez, attendez, laissez-moi le temps de vous expliquer, 9 ans c’est long ! Tout d’abord comme je le disais dans le paragraphe précédent j’exerçais un métier peu répandu, ce qui expliquait sûrement ma solitude. Je compensai donc en m’entraînant. Quand je ne travaillais pas je m’entraînais et quand je travaillais je devais utiliser mes pouvoirs, ce qui me servait d’entraînement par la même occasion. J’acquis ainsi le bankai en 7 ans exactement, mais cela, je le savais, ne me suffirai pas. Je m’y donc à la recherche dans la bibliothèque d’un moyen de devenir plus fort pour un shinigami. Un livre m’indiqua un moyen prohibé pour le devenir, j’étudiai de plus belle des arts noirs et mystérieux. Finalement je suivis les instructions et me retrouva embarqué au plus profond de mon être …
Je me tenais là, au bord d’un précipice si profond que le fond était plongé dans les ténèbres, face à un immense château. Il était planté là, au milieu du grand cercle formé par le bord du gouffre sans fond, comme émergeant de nulle part, il semblait taillé dans la roche, un fin pont enjambait le vide et rejoignait mon côté. J’étais vêtu d’une robe, semblable à celle que j’avais portée pour mon mariage avec Kini, mais intégralement blanche. Je me sentais bizarre dans cette robe, elle m’avait été allouée sans que je le veuille et j’aurai préférée garder mes vêtements de d’habitude. Tout était différent de ce que j’avais lu. Au lieu d’un monde intérieur sobre et sans connotation je me retrouvais près d’un château et apparemment je devais débrouiller toute seule sans arme alors que ma lecture m’avait appris qu’il me fallait vaincre le hollow qui m’habitait avant qu’il ne prenne possession de mon corps. Mais là, personne ! Je traversai le pont si long et si fin pour rejoindre l’étrange château. Il était somptueux mais peu décoré. Quelques fresques par-ci par-là, des portraits ailleurs, de lourds rideaux rouges plongeant les pièces dans la pénombre. Mes pas résonnaient et se faisaient échos dans les couloirs vides, me prouvant encore une fois ma solitude. Je marchais et marchais encore. Je tournai à un coin et arrivai à une terrasse qui menait à une petite porte en bois sombre, elle était différente. A peine entrée la porte claqua derrière moi. Aucune fenêtre et dans la lumière tamisée je n’aperçus que les contours indistincts d’un canapé et d’une porte dans le fond de la salle. J’entrai. Elle aussi était grande et vide, j'avais une étrange impression. Tout ceci était peu naturel. Quel sens de la déduction me narguerez-vous ! Cette solitude, ce silence, cette lumière, cette impression ... Tout ceci me faisait froid dans le dos. Et pourtant je transpirai, oui je transpirai malgré l'air glacial. Une main me parcourut le dos, cette main ne me paraissait pas étrangère ... Quelqu'un était présent, c'était sûr. Je fis le tour de la pièce dans l'espoir de me rassurer, mais rien. Était-ce mon imagination ? Sur cette pensée je me figeai ... Quelqu’un venait de m’enlacer, je sens encore sa respiration glaciale sur ma nuque. Cela ne pouvait être possible … Cette personne ne pouvait être là ! C’était mon monde ! Personne ne devait être là à part … Mes yeux s’écarquillèrent …
« Tu as compris ! Bien bien ! Tu n’es pas si stupide que ton apparence le suggère … »
Cette voix … Je m’en souviendrai toute ma vie ! Une voix de femme. Elle était si douce, si lente, et en même temps si glaciale, si provocante et si agressive. Je ne savais pas quoi faire, les livres ne m’avaient rien appris sur la façon dont il fallait procéder. Moi j’estimais qu’un combat ferait l’affaire, mais j’étais désarmée et mon intuition me disait que ce n’était pas la manière de faire. Alors quoi faire ? Qu’ai-je fait, me demanderiez vous. J’ai agit par instinct tout simplement. En me retournant j’invoquai mon zanpakuto en espérant qu’il réponde à mon appel de détresse. C’est d’ailleurs avec soulagement que je le vis apparaître entre mes mains. Sans réfléchir j’embrochai la personne qui se tenait devant moi. Mon reflet ! Oui, le miroir ne contenait plus rien et mon reflet était sorti. C’était donc lui ! Étrangement aucun giclement, aucune éclaboussure, aucune marre ou flaque de sang. Un tremblement assourdissant avait laissé place à mon double psychotique. Là encore j’agis par instinct et me rua dans les couloirs du château, cherchant une sortie, n’importe laquelle. Mon action allait démolir mon intérieur ?! Cela me paraissait vraiment inquiétant … Non ! Je me souvins alors de ce que j’avais lu dans un bouquin : mon monde commencerait à se dégrader quand mon hollow intérieur, je présumais qu’en l’occurrence c’était mon reflet, prendrait le dessus sur moi. Qu’avais-je fait ?? Au loin j’aperçus un point de lumière blanche. La sortie ! L’air me caressa les cheveux, les faisant onduler à l’air libre, comme des rayons de soleil dorés. Je me sentis beaucoup moins oppressée tout d’un coup. Mais le problème n’était pas réglé, je devais agir, et vite. Au bout du long pont de pierre par lequel j’étais arrivée se tenait mon moi identique. Enfin pas tout à fait … Contour des yeux noirs, peau beaucoup plus blanche, robe noire. Des différences flagrantes tout de même qui donnaient une impression de négatif. Elle ouvrit la bouche :
« T’as gagné ! Je te laisse pour le moment, nous lierons nos forces car moi aussi j’ai besoin d’assouvir notre vengeance. Je reviendrai peut-être plus tard ».
Et alors que je me lançai sur le gigantesque pont, mon reflet se jeta du haut de celui-ci. Je n’eu pas le temps de tout comprendre, je me retrouvai déjà dans la Soul Society, le regard braqué sur le plafond, dans le noir. De puissantes mains m’empoignèrent et 1 ou 2 jours après on me donne l’ordre de quitter la Soul Society, le 1er décembre 1944 pour être plus précise. Je ne rechignai pas cet ordre.

25 décembre 1944, la traque a été ardue. Pour retrouver mon meurtrier il m’avait fallut 24 jours. Durant cette soirée j’eu diverses insatisfactions et satisfactions. D’abord j’étais énervée d’avoir mis tant de temps à le retrouver mais cela ne m’étonna point car il avait dû apprendre à bien se cacher depuis mon assassinat. Mais je fus heureuse de le voir seul en ce jour de fête. Aucun compagnon, aucun ami. Seul, il était absolument seul ! Mon pied se posa sur sa fenêtre et pendant un moment je me demandai s’il me verrait ou pas … Dans les deux cas cela m’excita. Mon regard parcourut la chambre avant de s’arrêter sur la silhouette endormie dans un coin de la pièce dans un luxueux lit. D’un pas souple et sans bruit je me déplaçai et vint me positionner au-dessus du dormeur. Mon visage à quelques millimètres seulement du sien, ses yeux frémirent puis s’ouvrirent. Et alors là je ne vous raconte pas la crise de panique ! Il froissa les draps et se recroquevilla le plus loin possible de moi. Pathétique … Je restais immobile sur la monture en bois au pied du lit, le toisant de ma hauteur. Dans mon esprit j’avais mille paroles à lui adresser mais ma bouche repoussa tous les assauts de mon esprit. Lui n’avait pas daigné ouvrir la bouche ! Pour combler le silence une main commença à dégainer l’un des deux tantôs accrochés dans le bas de mon dos. Une note métallique vibra en l’air. Je pointai le visage de l’homme de 42 ans de ma lame. Il frémit. Ma deuxième main fit comme la première, dégainant le second sabre court. Je rattrapai souplement sur le matelas pour m’approcher doucement de mon ex-mari. Je lu dans son regard une peur sans borne. Se demandait-il ce qui allait lui arriver ? Se demandait-il ce que je faisais là ? En vérité je pense plutôt qu’il s’attendait à me revoir avant la fin de sa vie. Et il s’était préparé, il ne bronchait plus depuis que l’effet de surprise s’était dissipé. Il avait lui aussi accepté. Alors pourquoi j’attendais pour assouvir ma vengeance ? Qu’est-ce qui me retenait ? Rien.
« Fais le hurler, Kyu »
Et ses cris retentirent toute la nuit. Tous exprimant une douleur et une souffrance infinie. Tous témoignant de mon habileté. Aucun n’était retenu, aucun n’était faux. Il souffrait mille tortures et je garderai secret ce que je lui fis endurer cette nuit là. Puis l’aube vint.
« Tue-le, Shi »
Les cris cessèrent, le soleil irradia et inonda le monde sa lumière, apportant espoir aux un et bonheur aux autres. Kini ne fit pas exception à la règle. Avec le soleil, sa mort vint, lui apportant la bénédiction de l’arrêt de son calvaire. Voilà la deuxième fois où mes yeux s’empreignirent de larmes, quand je quittai la chambre j’étais secouée de violents sanglots et il me fallut plusieurs jours pour récupérer de la séance de torture que j’avais donnée.


Aujourd’hui, enfin j’y arrive. La vie que j’ai menée depuis est tout ce qu’il y a de plus banal. Permettez-moi d’abréger car j’imagine que mon envie d’étaler ma vie était peu compatible avec votre envie de lire le minimum. Je disais donc que ma vie était plus tranquille, mon hollow intérieur ne s’étant plus remontré. Je pense qu’il repose en paix maintenant ma vengeance accomplie. Pourtant je l’ai énormément utilisé durant la Grande Guerre. Enfin bref voilà maintenant je mène une vie sans encombrement en me demandant ce qu’il est advenu de Kini ou ce qu’il adviendra du monde. Moi qui me suis beaucoup étalé ici en guise d’introduction, permettez-moi de vous transmettre mes prochains textes, relatant ma vie d’aujourd’hui, à bientôt !
Vent du Nord
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Message par Vent du Nord Mar 22 Juin - 16:03

Et voilà Shiroyoru Metsuko, un jumeau fait pour un forum Rp Naruto :
J’ai entendu durant ma longue vie ceci : « Chaque enfant singulier ne naît solitaire que pour avoir tué et mangé in utéro son frère jumeau. »
Ni moi ni ma sœur n’avons pu nous résigner à agir ainsi … Enfin cela me paraît logique puisque nous sommes tous les deux nés …

~¤~ Chapitre I – Moi et Elle ~¤~

Il y a bien longtemps, bien avant que vous aillez laissé le cycle du soleil et de la lune bercer vos jours et vos nuits, deux enfants vinrent au monde. L’un était une fille et l’autre était un garçon. Tous deux avaient été procréés à partir des mêmes parents, s’étaient développés dans le même ventre et étaient sortis, de ce-dit ventre, au même instant. Les deux enfants étaient jumeaux. Les parents sourirent quand les deux enfants illuminèrent littéralement la petite pièce, qui était en fait la salle à manger, de leurs beaux sourires et par leurs gazouillis d’oiseaux. Mais bien vite leurs visages se figèrent sur cette expression fade et effacée qu’on leur connaissait depuis. Pourquoi ? Sûrement parce que les deux fermiers ne s’attendaient pas à ce que les deux bébés nécessitent autant d’attention, et que leurs maigres revenus s’amoindrissaient à vu d’œil. Pourtant jamais ils ne maltraitèrent leurs enfants, jamais le père impulsif ne punit son fils parce qu’il avait cassé les œufs, jamais la mère alcoolique ne déversa sa rage sur sa fille qui avait gâché le repas. Non ils ne furent pas méchants, ni bons d’ailleurs. Les parents des enfants étaient plats, impersonnels, presque insipides. Non ils ne furent pas méchants, mais d’eux, n’émana jamais une preuve d’amour non plus. Les deux enfants grandirent ainsi, sans véritable parents, juste des éleveurs.
La pauvreté régnait et la vie était dure en cette époque, l’argent manquait et la nourriture tout autant. Alors que les parents maigrissaient, les enfants survivaient. Il leur fallait travailler, tous, les parents se démenaient comme les enfants pourtant encore bien jeunes. Dès qu’ils purent se mettre à la tâche, ils aidèrent, portèrent, trimèrent, et cela sans broncher. L’instinct devait leur dicter leur conduite, pour survivre il leur fallait participer. Alors que la sueur coulait, que la chaleur était insupportable, que la journée paraissait comme l’enfer, la nuit était le moment fabuleux que le petit garçon attendait chaque dès le matin avec impatience. Je me souviens encore des nuits rafraîchissantes, allongé dans l’herbe humide, aux côtés de ma sœur. Oui je suis ce petit garçon déjà conditionné en bas âge. Je suis le frère, faux, jumeau de cette sœur, fausse, jumelle. Tous deux, nous regardions les étoiles pendant des heures, et ce malgré la fatigue, malgré une journée harassante pleine d’ordres et de labeurs. Le drapé sombre, bleu marine, de la nuit, parsemé de milliers de points blancs, nous fascinait … Me fascinait. Je ne sais pas si elle se souvient de ces instants magiques qui furent un pur bonheur pour moi, mais en ce qui me concerne, ils sont et resteront gravé dans ma mémoire à jamais comme du bonheur à l’état pur. Je ne la remercierai jamais assez pour ces moments sur lesquels je m’appuyais pour ne pas déjà succomber face au repos éternel. Ah il y a un point que je n’ai pas évoqué encore, pourtant important. Je me nomme Metsuko, et ma sœur se nomme Hoshi. Nous sommes nés dans la famille Shiroyoru, la nuit blanche. Hoshi signifie “étoile”, ce qui est très symbolique pour moi. Pour ce qui est de la symbolique du miens, vous verrez qu’il prendra tout son sens plus tard.


« Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux, - Qui réfléchiront leurs doubles lumières - Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. »
Le lien nous unissant ma sœur est moi est très fort, déjà en bas âge nous le sentions très fort en nous.

~¤~ Chapitre II – Nous ~¤~

Les soirées que nous passions ainsi, je les aimais tellement. Je ne pense pas qu’elles aient contribué à notre rapprochement mais c’est sûrement un facteur à prendre en considération. Car oui, tout petits déjà nous comptions l’un sur l’autre plus que sur n’importe qui d’autre. Peut-être que d’une certaine façon nos parents ne nous inspiraient pas confiance, ou alors nous paraissaient-ils sans doute distants. Ce qui de faisait pas un pli, c’est que nous étions unis. Quand l’un de nous était triste, l’autre ne pouvait s’empêcher de partager sa peine, même s’il ne comprenait pas. Si l’un souffrait, l’autre ne pouvait se retenir de demander des soins au même endroit. Et dans le même sens, si l’un se perdait, l’abstinence de l’autre pour le retrouver ne se faisait pas sentir un moindre moment. Comment pourrions-nous nous demander ? C’est le lot des jumeaux il me semble. Je pense que c’est un lien universel, liant deux êtres ressentant de forts sentiments l’un pour l’autre. J’aimais ma sœur, d’ailleurs je l’aime encore aujourd’hui sans que cet amour ait dépérit nullement. Et je ne crois pas que j’ai cessé un seul instant de penser à elle, à cet amour, à ce lien présent entre nous. Seuls au monde ! Pour moi, nous étions seuls au monde, même nos parents ne pouvaient toucher à ce monde bien à nous protégé par la frontière que représente ce lien. Ils ne pouvaient pas nous comprendre, et tant mieux ! Ils ne saisissaient pas nos subtilités, ce fut tout à notre avantage ! Durant onze ans nous vécûmes tous sous le même toit délabré rongé par les termites, sous la forme de deux groupes. Le soir, au moment du modique repas, autour de la table, d’une part résidaient les parents et de l’autre les jumeaux. Nous étions éloignés de nos parents comme la lune du soleil, de tous les points de vu. Oui nous étions vraiment seuls au monde. Et pas en une seule occasion durant ces onze années, j’aurai imaginé être un jour privé de cette seconde partie de moi, pas un instant j’aurai imaginé qu’on m’infligerait pareil supplice qu’être séparé de cette âme apparentée à la mienne si fortement. Je n’aurai jamais imaginé que ce jour viendrait et qu’on étirerait notre lien autant, au point de ne plus le sentir …


« Des jumeaux vrais ne sont qu'un seul être dont la monstruosité est d'occuper deux places différentes dans l'espace. »
Du fait que nous n’étions pas de vrais jumeaux, nous étions deux êtres distincts, ce qui n’empêcha pas le fait qu’être en deux endroits différents fut une monstruosité.


~¤~ Chapitre III – Petite Mort ~¤~

Ce jour-là, j’eu l’indiscutable impression que l’on m’ôta la vie. Ce fut en vérité un soir. La journée s’était déroulée comme d’habitude, bien qu’elle fût moins éprouvante que lorsque nous étions plus jeunes. Et comme chaque soir nous nous étions retrouvés dans la salle à manger, cette même salle à manger dans laquelle ma sœur et moi-même avions scellé le pacte de la fraternité. Alors que nous nous apprêtions à nous installer autour de la table pour déguster le conventionnel et chiche repas, notre père nous ordonna de sortir et d’aller jouer non loin en attendant que lui et maman aient fini de parler. Nous nous exécutâmes, et nous éliâmes conseil dans le salon, à voix basse. Nous avions remarqué depuis longtemps déjà le ventre gonflé de maman, nous avions aussi remarqué l’attitude de papa vis-à-vis de ce changement d’ordre familiale. Ce soir-là, nous nous entendîmes sur le fait que ça allait mal et que nos relations entre nous et nos parents n’étaient ni bonnes ni mauvaises. Or j’eu tôt fait de faire remarquer que tout ce qui stagne régresse … Au moment où j’allais ajouter qu’il nous fallait nous attendre à une éventuelle séparation entre nos géniteurs et nous, des éclats de voix me figèrent. L’échange parut vraiment violent, et jamais nous n’avions été témoins de pareils déchaînement de cris de rage de la part de nos parents comme de quiconque d’autre. A vrai dire, je ne pense pas avoir été témoin d’une seule lueur émotionnelle émanant de l’un ou de l’autre. Mais en ce début de nuit, nous avions de tous autres parents et ma sœur ne pu se retenir plus longtemps de fourrer sa tête dans le creux de mon épaule. La porte s’ouvrit avec fracas, ne manquant pas de nous faire sursauter, laissant apparaître un homme harcelé par une furie. Des assiettes volèrent telles des soucoupes pour finir leurs courses sur les murs où elles éclataient en milliards de débris coupants. De la même manière, toute la vaisselle sembla y passer. Notre mère à l’apogée de son art de boire, le summum de la saoule en terme d’emmagasinage d’alcool. D’ailleurs j’avais toujours pensé en accord avec mon double féminin qu’avec la réduction de cette tare, nous n’aurions pu que vivre plus aisément, du moins vis-à-vis de ce qui rentrait dans nos panses. Puis tout s’accéléra, veuillez donc excuser mon trouble et ma confusion : En effet mes souvenirs de ce moments de ma vie semblent avoir fuit la réalité de mon entendement … Comme la plupart de ce qui suivit. L’homme de la maison se mit entre ma sœur et moi, il m’agrippa le poignet si fort qu’il rougit et me brûla. Cette étreinte brutale ne me gênait pas plus que ça, si ce n’est qu’elle visait à me faire lâcher la main de ma véritable moitié. Ma main était moite. La sienne était glaciale. Mon regard se riva dans le sien, le temps ralentit une seconde, peut-être moins. Une secousse supplémentaire, mon emprise lâcha en même temps que la sienne. Mes doigts, déjà longs et fins se glissèrent au travers des siens, oui ils glissèrent. Un bras me ceintura et malgré mes talons fermement enfoncés dans le sol, je ne pu résister plus longtemps … En même temps que je quittais le sol, je perdis du regard ma jumelle, l’unique chose qui comptait à mes yeux. Ma vision se brouilla, le lien s’étirait en même temps que le nombre de kilomètres qui nous séparait augmentait.

Au réveil mon père gisait sans vie, il était couvert de points noirs et il dégageait une odeur insupportable. Une maladie pour sûr. Mais laquelle, ça je n’en savais rien, j’étais juste déçu de n’avoir pu lui ôter la vie à mon tour. J’eu un haut le cœur puis … Plus rien, cet homme m’avait arraché à la seule personne que je pouvais aimer, protéger, je le détestais, haïssais, l’abhorrais. Je lui fis les poches et crachai sur son cadavre, que je laissai au charognards, pour reprendre la route avec un seul objectif en tête : retrouver ma sœur !


« La mélancolie se compose d'une suite de semblables oscillations morales dont la première touche au désespoir et la dernière au plaisir: dans la jeunesse, elle est le crépuscule du matin; dans la vieillesse, celui du soir. »
Solitude, dans la pensée de mes nuits, tu m’accompagnais. Solitude, dans les folles journées passées avec toi, le souvenir restera et perdurera. Nostalgie des temps anciens, désormais révolus. En cette éviction je vous considérais comme mes deux meilleures amies, mais vous décidâtes de m’abandonner vous aussi pour des raisons qui me restèrent voilées.


~¤~ Chapitre IV - Érrance ~¤~

Mon ventre me faisait mal. Ma tête bourdonnait. Mes articulations crissaient. Des points noirs étaient apparus sur mon corps, quelques uns, rien de grave j’imaginais. Je parcourais les ruelles d’une ville du pays de la Pluie depuis bientôt 4 ans et on me surnommait Kurokoji soit l’Orphelin noir. Je ne savais pas si mon père m’avait transporté dans un tout nouveau pays ou si ma sœur et moi avions grandit quelque part pas si loin de là. Je menais mon enquête auprès de gens peu fameux, et ma naïveté manqua plusieurs fois de me perdre. Oui la douleur me taraudait, de mon ventre et de ma tête. J’avais faim, j’avais une migraine insoutenable. Mes jambes cédèrent et je m’affalai dans le caniveau … Pas moyen d’avancer plus. La respiration saccadée, le cœur cognant de plus en plus vite contre mes côtes. Mon cerveau semblait gelé dans ma boîte crânienne et ma perception de la réalité s’altéra. Un peu de sang gicla sur ma main lorsque que je toussotai. Des questions que je jugeais sans intérêt m’envahirent comme par exemple : pourquoi mon père avait soudainement pris la décision de partir de la maison … ? Des larmes perlèrent au coin de mes yeux mais je les retenais un maximum. Pourquoi avait-il prit cette décision fatidique ? Non en fait, pourquoi avait-il décidé de me prendre avec lui ? En même temps que les larmes inondaient mon visage, je poussai un cri que personne n’entendit, long et désespéré. Enfin je pensai que personne ne m’avait entendu …[/i]


« Rentre ! C'est le moment où la lune réveille le vampire blafard sur sa couche vermeille. »
Si seulement j’avais pu rentrer … Je crois que je l’aurais regretté pour le reste de ma vie. Quoique … Je n’aurais pas eu de vie dans ce cas là …


~¤~ Chapitre V – Torture & Guérison ~¤~

Des bottes entrèrent dans mon champ de vision. Je relevai la tête. Un homme, visiblement, encapuchonné, vêtu d’une longue cape, possédant des yeux hypnotisant. Sans un mot de sa part ou de la mienne je me levai et le suivis. Dans ma tête plus rien n’existait, pas même mon objectif absolu. Juste une décadence d’imagination et de rêve de ce que pourrait m’apporter cet homme, à moi. Comment aurais-je pu résister ? Sans même m’en rendre compte j’étais déjà dans une lugubre maison plongée dans la pénombre, assis sur une chaise. L’homme avait disparut, ni devant ni derrière moi. Je restai assis là, sur cette chaise, je me sentais bien malgré mes souffrances. Des bruits de pas résonnèrent, puis plus rien. Qui était cet homme ? Ce fut la première question que je me posai réellement sur la nature de cette situation. Les pas reprirent puis s’arrêtèrent de nouveau. Où étais-je ? Ma respiration s’accéléra pour la deuxième fois ce jour là, mon cœur s’emballa. Une goutte de sueur coula le long de ma nuque, je sentis sa course le long de ma colonne vertébrale, dans mon dos jusque dans le creux des reins. Un frisson me parcourut l’échine, un vent glacé me frôla, le mystérieux inconnu était dans mon dos, j’en étais sûr à présent. En voulant vérifier, je me rendis compte, pour la première fois, que j’étais attaché à la chaise en bois. Je ne me débattis pas, je savais que c’était inutile. Je le sentais humer l’air, je le sentais qui m’observait. Sentait-il l’adrénaline qui flottait dans l’atmosphère ou sentait-il directement la peur qui émanait de moi comme si j’avais trempé dans l’essence de frayeur pure pendant des heures ? Voyait-il mon torse qui montait et descendait ou voyait-il ma veine temporale qui palpitait si vite qu’elle était sur le point d’exploser. Entendait-il mon cœur qui cognait si fort contre ma poitrine ? Entendait-il ma courte respiration qui me faisait souffrir le martyr ? Pourquoi ne faisait-il rien ?! Quelle situation agaçante et gênante ! Il restait là, debout derrière moi, à m’observer de ses yeux étranges et attirants. Des heures durant il ne bougea pas, et moi non plus. J’abandonnai tout espoir …
Sans que je m’y attende, je ressentis un contact sur ma nuque. Pas de la peau, sûrement que sa main devait être recouverte par un gant. Il passa ses mains dans mes cheveux, puis il parcourut mon dos, j’étais nu … Je ne m’en étais pas rendu compte non plus … Je commence à me demander si tout ceci ne fait pas partie des hallucinations dû à la maladie. Des choses m’échappaient tellement, des choses pourtant si évidentes … Je devenais fous, il continua à me passer ses doigts horriblement longs dans les cheveux, des heures durant encore …
Puis le contact fut différent. De la peau, fraîche, glacée même. Lisse, douce. Elle suivit le même parcours que précédemment, peu de temps. L’homme se présenta enfin devant moi, j’ouvris la bouche pour demander quelque chose, n’importe quoi, je ne savais pas, mais quelque chose. Un doigt s’abattit telle une sentence sur ma bouche, me privant du peu de parole que je possédais. Après ça, je considérai que je ne pouvais plus rien faire, comme si mon ravisseur le savait aussi, il me détacha. Je n’essayai point de m’enfuir, je pensais cela impossible. Je me rendis compte que j’avais été brisé psychologiquement à une vitesse éclair et sans que je subisse autre chose que le silence … Détruit, mon nom prit son premier sens. Il en a trois véritablement. Les deux autres furent beaucoup plus durs …
L’homme était nu et il recommença son manège, ses mains parcoururent mon corps sans laisser un seul endroit intact. Puis il me fit faire des choses innommables, des choses affreuses, horribles. Il me fit ensuite ces même choses, à moi, c’était pire encore … J’étais âgé de 15 ans, souvenez-vous en bien, c’est là que pris le deuxième sens de mon nom. Au bout de ce qui me semblait une éternité, il s’arrêta et me força à arrêter tellement j’avais été conditionné. Désespéré, je le regardai, attendant la suite. Il s’approcha de moi, je campai sur mes positions, me préparant au pire pour le bouquet final. Nous étions tous les deux à genoux, l’un face à l’autre. Il posa sa tête sur mon épaule comme l’avait fait ma sœur peu avant que nous soyons séparés. Ma sœur … En repensant à elle je ne pu m’empêcher de sangloter discrètement. Je sentais encore son souffle dans mon cou, comme celui de l’homme en cet instant. Puis il rapprocha sa bouche et mordit violemment la tendre chair de cet endroit sensible. Ma bouche s’ouvrit d’un cou mais aucun son n’en sortit. Mon cœur s’arrêta, ma poitrine s’immobilisa, comme le temps dans cette pièce sombre. La lumière qui filtrait au travers des volets me paraissait lointaine, je me sentis transporté en un autre lieu, avec cet homme, de par ce qu’il venait de faire.
Le ciel, rougeâtre, tournoyait au rythme d'un bal de longs fuseaux de nuages ocre au dessus de ma tête. Je regardai devant moi et tout se brouilla. Bien qu'immobile, j'eus l'impression de voyager à la vitesse de la lumière. Seule une petite fraction de mes sens était nette, le reste n'était qu'un énorme flou tumultueux. Mes bras me brûlaient et en baissant les yeux, je ne pus qu'à peine deviner la silhouette de mes mains au travers un torrent de fibres lumineuses, dansant de leurs teintes violacées. Soudain, je sentis l'une d'elles virer au rouge dans mon dos, au rouge sang. Je me retournai pour faire face au danger qui me fonçait dessus et ...
Tout s’arrêta soudainement, l’homme me regardait de loin de toute sa hauteur. Il était assit sur la chaise sur laquelle j’avais siégé au tout début de l’étrange rituel et me toisait, une expression indescriptible sur le visage. Je remarquai qu’il me souriait. Comment, pourquoi ? Je ne comprenais pas … Et pour la première fois depuis notre rencontre, il parla. Sa voix était agréable, douce, suave, malgré le fait qu’on sentait une mélancolie et une tristesse effrayante dans son timbre.[/i]

" Excuse-moi, Metsuko. J’ai senti le sang sur ta main lorsque tu étais effondré dans la ruelle. Puis j’ai sondé ton cœur, j’y ai pressenti tellement de choses, tellement de bonheur brisé et d’espoir. Puis je suis tombé sur ta maladie, la peste, attrapé à cause de ton défunt père. Je t’ai … Guéri. "

Croyait-il que je comprenais tout. Je buvais ses paroles, ça c’était sûr, ça devait se voir aussi mais je ne pouvais accepter qu’un inconnu en sache autant sur moi et sur mon passé par un simple regard. Dans mon esprit je formulai une unique question qui m’horrifiait autant qu’elle attirait ma curiosité …

Êtes-vous humain ?

Non pas vraiment malgré mon apparence. Je suis un vampire … Tout comme toi à présent. Tu présenteras mes plus sincères excuses à ta sœur de ma part Metsuko … Sache que c’était nécessaire, pardonne-moi un jour …

Je clignai des yeux d’ahurissement au fur et à mesure de ses paroles. Une fois de trop car il laissa la chaise vide sans que j’ai eu le temps de lui parler … J’avais perdu un père pour en trouver un autre …


« J'ai des yeux qui sont jumeaux, quand j'ai une poussière dans l'œil droit j'ai le gauche qui pleure. »
Je n’ai aucun commentaire à faire je crois …


~¤~ Chapitre VI – Folie & Absolution ~¤~

Je devenais fou, dans ma tête se bousculaient toutes les pensées qui me poursuivaient depuis mes 11 ans mais aussi, maintenant, depuis que cet homme insolite m’avait gardé avec lui et m’a fait subir … Tout ce qu’il m’a fait subir. Je me sentais emprisonné, emprisonné par moi-même, par ma conscience, par le souvenir de tout ça. Je voulais retrouver ma sœur, mais il me fallait briser mes chaînes d’abord. Je voyageais très peu, couchant dans des grottes aux murs rocailleux sur lesquels je passais mes journées à me défouler en laissant couler hors de moi un véritable flot de haine. Dans ces moments de déferlement de fureur, j’avais une envie de vengeance et les derniers mots de l’inconnu résonnaient à l’infini dans mon esprit. Cette allusion, « je suis un vampire … tout comme toi à présent », qui insinuait que j’étais devenu contre mon gré un monstre assoiffé de sang et de violence. Cette autre allusion à mon amour de sœur, « tu présenteras mes plus sincères excuses à ta sœur de ma part », qui me faisait endêver contre le personnage à la fois si éloigné et si intime qu’il fut. Cet homme connaissait mon prénom, mon état, mon passé ! Et mes poings ne cessèrent de saigner pendant des jours entiers. Au matin, ils étaient de nouveau comme s’il ne s’était rien passé la veille, il me fallait tout recommencer … Et tous les soirs je m’effondrais sur le sol en sanglotant et murmurant le nom de celle qui comptait le plus dans ma vie, celle que je n’avais pas vu depuis 4 ans, celle qui pouvait être n’importe où, celle qui pouvait … Les pensées affluaient en moi en ces instants et me chuchotaient à l’oreille les pires horreurs. Mais je ne pouvais qu’écouter … Alors je les écrivais. Sur de longs parchemins jaunis, je notais ce qui me venait, n’importe quoi. Ainsi je trouvais le sommeil, mais la fatigue me gagnait et cela ne put durer plus de quelques mois. Durant ces quelques mois mon père avait dû purger sa peine avec moi, finalement je considérai qu’il avait expié, il fut pardonné … Je devais reprendre mon pèlerinage.
Un jour, revêtu d’un long manteau noir, lourd, capuche relevée, je m’étais remis en route, jusqu’à la plus haute falaise que je pouvais trouver. Que faire en un tel endroit me demanderez-vous. J’avoue m’être présenté près du gouffre avec deux choix possibles en tête. Je voyais un paysage triste, engourdi par le froid d'une nuit d'automne. Au bord du gouffre, le poète du Nord et de la Pluie, perdu dans mes souvenirs, dans la poussière du temps ... J’écrivis, en lettres d'ombre, la tristesse diaphane qui s'exhalait des paysages ... Dans la sourde résonnance du néant, je captais peu à peu les chuchotements mélancoliques des âmes perdues qui m’entouraient. « Abyssus Abyssum Invocat ! », ces trois mots, l'armée funèbre les récitaient comme un mantra ... Une atmosphère d'agonie planait en ces lieux glauques, et sous la lune sanglante moi, le poète de la Nuit, pleurais des larmes d'argent aux pieds d'un spectre de givre.

« Oh, ma chère, souvenez-vous du temps que nous avons passé ensemble, sous ce soleil éteint qui était le noyau de nos rêves défunts ... Je n'oublierai jamais votre sourire, ce sourire qui accompagnait vos prunelles, aussi sombres que le glas vespéral ! Je souffre! Ma chère, je souffre ! Chaque fois que les Cloches de l'Abîme sonnent, je suis comme un puits noir sans fin ! Les timbres obscurs des Carillons Nocturnes réveillent en moi les ombres sanguinolentes des corbeaux, leurs yeux psychotiques raniment la soif de sang et de haine que j'ai envers cette maladie que vous m'avez donnée lors de votre voyage sans fin avec la Dame du Deuil ! Cette maladie, Vous la connaissez ! Elle porte le nom maudit de la Vie ! Alors, ma dame, pourquoi, si vous saviez la douleur que me procureraient les lames qui me transpercent le cœur chaque jours ?! Pourquoi, si vous m'aimiez, m'avez-vous contaminé ?! »

Seul un silence assourdissant me répondit.

« Mors Ultima Ratio ! Mors Ultima Ratio ! », hurlai-je à cette aphasie volubile.

Mes cris de désespoir se heurtèrent aux parois du roc qui m’entourait, rappelant les échos de ces rêves morbides d'anarchie que je faisais chaque soir depuis que j'étais enfermé dans ce lieu étrange.

« Silence ! Sois maudit ! Tous ces accords joyeux mêlés à la joie d'autrefois, jamais plus ! Oh, non, jamais plus ! Par votre faute, dame du Silence ! Jamais plus je ne pourrai les chanter ! Ce que j'aimerais pouvoir réentendre les chants des oiseaux, la sublime voix des violons mêlées aux accords célestes du piano ... Soyez maudite, dame du Silence ! Oh ! Comme j'aimerais n'avoir jamais vécu l'ivresse de la Vie ! »

J’avais échappé à la chute même si je doute que la Mort serait venue me prendre. Je me sentais en paix avec celle qui m’avait infligé la Vie. Ma mère était pardonnée.
Le soir même j’étais de retour dans ma caverne avec la ferme intention de comprendre cet homme. Pourquoi avait-il agit ainsi ? Un nouvel accès de rage me prit et le mur fut une fois de plus couvert par ce liquide rouge qui s’échappait de mes veines pour s’étaler ailleurs en un magnifique éclat écarlate. Puis, comme les fois précédentes, je m’effondrai sur le sol, ne comprenant toujours pas. Je savais ce qu’était un vampire à présent et je n’avais plus aucun doute sur le fait que j’en étais un. Le troisième sens de mon nom apparaît ici. Tour à tour détruit psychologiquement puis physiquement, c’est ma vie qui fini par être détruite. Mais la fureur ne vint plus. La rage ne bouillonnait plus. Je ne sentais plus cette vengeance naître en moi pour se consumer dans le sang versé. Je ne souhaitais que la paix. Des mots franchirent mes lèvres sans que je le veuille.

« Je te pardonne, vampire déchu … »

« Sache que c’était nécessaire, pardonne-moi un jour … », maintenant je comprenais et je lui pardonnais. Il devait en aller ainsi, une page de mon histoire devait se tourner. J’achevais mes écrits, qui brûlèrent dans les flammes ardentes ce soir là aussi. J’enfilai mon lourd manteau noir et reprenais la route pour achever ce que j’aurai dû faire il y a bien longtemps. Le lien m’avait été caché à cause de la colère et de la vengeance, à présent que la tranquillité était revenu dans mon esprit je le sentais, bien plus fort qu’avant, même bien avant notre séparation. Mes pas guidés, je ne mis guère longtemps à me retrouver face à elle …


« Les Dioscures sont plus intimement frères que les jumeaux humains, parce qu'ils se partagent la même âme. Les jumeaux humains sont pluranimes. Les Gémeaux sont unanimes. »
In utéro ma sœur et moi étions Gémeaux, puis nous sommes passés par le stade humain une dizaine d’années avant d’arriver en tant que Dioscures …


~¤~ Chapitre VII – Retrouvailles ~¤~

Quelques jours. Quelques malheureux jours après que je me sois remis en route, ma destinée pris un nouveau tournant. Oh ne vous inquiétez point, pour une fois, il fut bénéfique et bon pour ma santé, je parle bien-sûr de ma santé mentale. Et je parle aussi, vous l’aurez compris, des retrouvailles avec ma chère et tendre sœur jumelle. J’avais marché jusqu’à une forêt en contrebas de la colline où j’avais élut résidence. Une clairière en particulier m’avait semblée plus accueillante qu’une autre, étrangement. À l’orée, sous la couverture des arbres, je me tenais. En face de moi une silhouette faisait de même. Elle était de ma taille, plus fine peut-être. Je fis un pas en avant et, tel un miroir, la silhouette s’avança pareillement. Puis nous continuâmes, à avancer, l’un vers l’autre, de cette démarche lente et saccadée. Au fur et à me sure que je la détaillais je ne pus que remarquer sa ressemblance avec moi. Ces yeux, ces cheveux, ce nez, cette bouche, m’appartenait autant qu’à elle. Car oui, c’était une fille, presque une femme. En marchant je m’aperçus qu’il pleuvait, c’était la première fois que je le remarquais. Nous nous arrêtâmes l’un près de l’autre, face à face, séparés par quelques centimètres. Je ne sentais plus le fardeau qui pesait sur mes épaules ni le poids dans ma poitrine. Je sentais le lien revenu à sa forme originelle, je sentais tout simplement que j’avais trouvé celle que je cherchais depuis si longtemps. Puis quelque chose me frappa. Où était donc passé la petite fille qui gambadait avec moi dans mes souvenirs, en riant aux éclats ? Était-elle devenu aussi grande, aussi belle ? Son visage s’était-il emprunt d’autant de maturité, d’expérience ? Son corps avait-il développé des formes aussi parfaites, aussi alléchantes ? Oui il pleuvait ce jour-là, je m’en souviens encore car je m’en réjouissais. Dans les gouttes de pluie se cachaient mes larmes qui coulaient sur mes joues, grâce à la pluie, ma sœur ne s’en aperçut pas. Puis, comme si nous avions fini chacun de notre côté de penser, avec cette même incalculable douceur, nos corps se rapprochèrent en même temps pour finir par nous étreindre fortement et longuement, avec tendresse, comme si nous ne voulions pas briser l’autre, comme si nous n’y croyions pas chacun de notre côté. Étroitement collés, trempés jusqu’aux os, nous nous rendîmes l’étreinte avec la même force, le même amour qui nous liait déjà dans l’enfance. Puis nos tête se rapprochèrent l’une de l’autre et nos bouches se collèrent. Le baiser dura aussi longtemps que l’enlacement, et malgré la confusion générale que je ressentais vis-à-vis de ce geste, je le trouvais tellement bon et rassurant que je ne pu y résister. C’est à ce moment là que je me rendis vraiment compte que j’avais retrouvé ma jumelle, ma moitié terrestre et spirituelle, la deuxième partie de mon âme.
Peu de mots furent échangés, personnellement je ne voulais que sentir sa présence et m’adonner à la sentir, la regarder, la toucher, l’entendre et … La goûter … Tout comme l’avait fait mon mystérieux kidnappeur et sauveur 4 ans plus tôt. Mais cela ne devait pas ressembler à une torture pour elle, du moins je l’espérais.
Nous ne nous séparâmes plus jamais, tous les moindres instants, nous les partagions. Puis je me rendis compte qu’elle ne grandissait pas et qu’elle ne vieillissait pas non plus, tout comme moi. Au fil des discussions et de nos récits respectifs, nous sommes arrivés à mettre bout à bout nos histoires puis à trouver des explications, elle était devenue comme moi, sûrement au travers de mon expérience. Mais au fond, ce qui avait été n’était plus et ce qui était, était. L’important véritable était la finalisation de tout, nous étions réunis, ensemble … Et pour l’éternité. Il ne nous manquait plus qu’à trouver une longue occupation pour passer le temps.


« Le Temps est un adversaire qui joue en permanence à tous les jeux. N’oublie pas qu’il ne triche jamais, terriblement constant, et qu’il gagne à coup sûr. »
Le temps est un adversaire qui n’a jamais osé nous défier, nous l’attendons encore aujourd’hui, en vain. De toute façon qu’aurait-il à gagner à supprimer les témoins immortels de son action, leurs éternels gardiens, façonnés à son image …


~¤~ Chapitre VIII – La ligne verte peut parfois sembler longue ~¤~

Depuis que nous étions ensemble, nous ne cessâmes de nous instruire, mêlant nos capacités respectives et notre envie conjuguée d’apprendre de l’autre ou avec l’autre. Elle m’initia à l’abreuvement, chose vampirique que je n’appréciais guère. Je m’étais adonné à la chasse d’animaux ou d’êtres humains pour satisfaire cette inlassable soif de sang mais je me répugnais à chaque fois et regrettais mon geste. J’avais trouvé cette manie peu agréable bien que nécessaire mais mon amour m’enseigna une façon beaucoup plus agréable et désirable pour assouvir ce petit tracas. Lentement, patiemment, accolés nous nous embrassions, entrelacés nous plantions nos crocs et buvions le sang de l’autre tandis que nos mains s’affairaient sur son corps, parcourant sa fine peau pâle et douce. Oui, c’était vraiment récréatif. Surtout que de ceci beaucoup de jeux entre nous en découlèrent, et d’occupations aussi par la même occasion. Depuis j’appris à me sustenter avec d’autres cibles mais ma victime préférée resta ma sœur vampire, même si je doute qu’elle fut vraiment ma victime. Mais bien que je me désaltérais, je ne pris jamais autant de plaisir qu’avec mon double.
Nous voyageâmes ensemble, toujours ensemble. Nous changions de pays après avoir fait le parcours scolaire d’usage. Nous prétendions arriver de la campagne pour suivre un enseignement général puis spécialisé. Puis nous travaillions pour gagner de l’argent et enfin nous changions de régions pour reprendre tout à zéro. Nous changions de spécialité et de travail. Nous amassions connaissances et fortune. Finalement notre tour du monde tourna au voyage touristique et nous nous rendions dans tous les coins, mêmes les plus reculés, par pure curiosité. Main dans la main nous marchions, malgré les murmures sur notre passage, nous vivions dans une bulle hermétique. Très vite les enfants ignorants que nous étions devinrent de véritables érudits. Je m’intéressai particulièrement aux sciences et à l’art stratégique de la guerre tandis que ma sœur se penchait sur les arts en tout genre. Joueur de nature, plusieurs « jeux » m’intéressèrent comme les échecs, le go ou le shogi, mais j’eu vite fait de trop les prendre au sérieux. Le temps me permit de devenir un adversaire redoutable à ces jeux, ce qui aiguisa aussi ma réflexion, ma façon de voir les choses et m’apprit énormément sur la psychologie humaine. Dans cette même lancée ma sœur maîtrisa le piano, le koto, le violon et la flûte, moi j’arrivai à bout d’une nouvelle technologie et fabriquai les deux premiers lances-projectiles rapide et puissant. Je le nommai pistolet et en fabriquai deux, un pour moi et un pour mon alter ego. Finalement la vie monotone de riches nous accabla. Nous nous amusâmes entre nous, encore et toujours ... Nous attendrons éternellement autre chose ...
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Message par Vent du Nord Dim 18 Juil - 4:26

Je vous présente Kuromaru no Himitsu, un personnage fait pour un forum Rp Ouran High School Host Club :

Par où commencer ? Une vie aussi longue et remplie que celle que je vais vous raconter nécessite organisation, pour éviter diverses confusions. Pour cette même raison, j’espère que vous excuserez la longueur du discours qui va suivre, il se peut qu’il vous paraîtra ennuyeux à certains moments, pourtant je tenterai de résumer au maximum, en appuyant bien-sûr sur quelques points importants, chers à mes yeux. J’attirerai parfois votre attention sur des détails plus éloquents que de longues explications. Sur cette courte introduction, commençons notre introspection en cette histoire peu courante.


Le livre de la vie est le livre suprême
Qu'on ne peut ni fermer, ni ouvrir à son choix.
Le passage adoré ne s'y lit pas deux fois,
Mais le feuillet fatal s'y tourne lui-même.
On voudrait revenir à la page où l'on aime
Et la page ou l'on meurt est déjà sous nos doigts.

Voilà ce qu’un grand homme m’a dit un jour, malgré la beauté de ses mots, malgré la justesse de ses phrases, je ne croirai jamais au destin ou à la fatalité.


~¤~ Chapitre I – Prologue ~¤~

L’aube des temps fut bercée par d’innombrables horreurs, immondices nées des entrailles de la Terre. Ces cataclysmes déambulaient en ce bas monde, le marquant de leurs lourdes empreintes, sous un ciel ardent. Les nuages violacés flottaient au-dessus d’eux, au milieu d’une mer enfiévrée, enflammée, de ce feu incandescent rouge sang, vermillon, que dis-je érubescent ! Oui ce ciel hypnotisant, teinté, cet air asphyxiant, cette eau pastelle, irréelle, comme une tâche cyan estompée dans le paysage. Et parmi ces abjections corrompues, sillonnant ce monde obscène, un être se dressait.
Était-il différent de ses confrères ? Non j’en doute. Du moins il se distinguait d’eux de part l’apparence, mais s’il survivait dans cet environnement, alors permettez moi de douter de son appartenance à une quelconque race pure. Et pourtant … Il se dressa, seul envers et contre tout. Il se dressa seul contre le monde, contre son milieu, contre ses congénères infâmes, il se dressa contre sa nature, contre lui-même. Il gagna son individualité, il rompit ses liens, il se libéra et marqua le monde de sa pierre, la première pierre d’une longue construction. Il était sorti vainqueur, sa première victoire depuis sa naissance, néanmoins ce fut à n’en pas douter, une erreur … Car alors que le livre de sa vie n’aurait dû compter que quelques pages, il en écrivit beaucoup d’autres, immoralement. Et son existence pourtant contestée devint immuable. Mais ce n’est pas notre sujet pour le moment.
Je disais donc tout à l’heure qu’il était différent par l’apparence. Mais en quoi alors ? Il avait 4 membres se terminant par des doigts et des orteils, une tête rassemblant l’ensemble des capteurs sensoriels (2 yeux, 2 oreilles, 1 bouche, 1 nez, de la peau), un cerveau lui permettant de traiter ces informations sensorielles et de penser, une peau uniformément unie. Au contraire il ne possédait pas de carapace protectrice, de longues griffes, de tentacules démesurément longs, des organes sensoriels ou moteurs en trop, pas de poils ou de fourrures s’étendant partout sur son corps. Ses frères regroupaient l’ensemble de ces caractères eux, en un dégoûtant méli-mélo de souillure noire empoisonnée et polluée. Oui il était vraiment différent de par son apparence. Si différent …

Sa différence le poursuivra vous ne croyez pas ? Durant cette première partie vous êtes-vous rendus compte de cette différence ? Vous êtes vous seulement rendus compte de celle qui vous fait face ? Ma différence, car cet être c’était moi … Oh, apparemment non à la vue de votre expression de surprise accentuée. Je me délecte de cet effet que je vous réservais depuis le début. Vous n’êtes pas choqué au point de me quitter au milieu de mon récit, si ? Je soupçonnais cette réponse, vous m’en voyez ravi. Continuons donc …


~¤~ Chapitre II – Compréhension ~¤~

Donc après ce triomphe, je me mis en route, à la découverte du monde que je devinais beaucoup plus grand que ce qu’il paraissait. Je rencontrai des peuples, semblables à ce que j’étais, à ce que je suis. Naïf et insouciant je les jugeai dangereux, et mon contact avec eux se fit bref et éphémère, pour le moment. Ma quête se poursuivit, sans réel but sinon celui de découvrir, celui d’épancher une soif spirituelle. Mes pas me menèrent partout, partout où je pus marcher, partout où la terre me supporta. Alors que des paysages merveilleux et reculés se révélèrent à moi et moi-seul, autant que des paysages désolés et apocalyptiques comme celui qui m’avait bercé, je continuai, éternellement assoiffé. Je rencontrai d’autres familles ignobles comme celle qui m’avait conçu, je les éradiquais comme j’avais supprimé la mienne. Mais le monde était rond et c’est avec un soupir de déception que je revins à mon point de départ. Blasé, déçu, je rejoignis l’une des tribus que j’avais rencontrées au tout début de mon aventure. J’appris beaucoup de ces peuples nomades. Une de ces choses me frappa et me choqua. Alors que j’avais connu certains membres de la tribu lors de mon premier passage, j’appris avec regret leur mort. Beaucoup étaient morts … Je les questionnai au sujet de ces morts. En retour on me questionna sur les raisons de ma connaissance de ces personnes. Ce fut ma première approche de la mortalité …
Oui. Alors que j’avais mis quelques siècles pour tourner autour du monde, nombre des gens de ce peuple avaient succombés. Sans véritables raisons ! Comment pouvait-on mourir sans être transpercé de part en part par le fer, ou brûler par le feu ? Mystères qui m’intéressèrent plus tard, car en cette époque je ne me caractérisais pas par cette obsession de tout découvrir, savoir tout sur tout.
Non, en cette époque je ne fis rien, mon contact avec le peule des humains, comme ils s’appelaient, se fit plus profond. Nous nous liâmes, ce fut tout. J’étais encore différent et cette différence marqua encore ma vie. Au tout début ils m’adorèrent comme un Dieu, immortel. Cette différence joua en ma faveur, un très court instant. Puis le pêché s’insinua en eux et la jalousie s’empara de leurs âmes. Ils me chassèrent, m’accusèrent de ne pas leur livrer mon secret, m’accusèrent d’être égoïste et de les voler par-dessus le marché. Une fois de plus je me retrouvai seul, mais cette expérience m’apporta plus que ce que j’y avais perdu …


~¤~ Chapitre III – Solitude & Nostalgie ~¤~

Rejeté ! La première fois que je m’étais extirpé d’un milieu comme celui-ci, je l’avais voulu et je m’étais donné les moyens. Là je connaissais l’exclusion. Expulsé d’un milieu que j’avais accepté comme mon «chez moi». Et pourquoi ? Pour un égoïsme erroné, un trait de caractère absent, une différence incontrôlée. Non loin de mon ancien refuge j’errai, en solitaire. Poète délaissé marchant avec sa solitude, et avec la solitude vinrent les pensées, déprimantes et déprimées pour la plupart. Des questions sur l’existence, sur la vie, sur le temps. Trop de questions, trop peu de réponses. Solitude, dans la pensée de mes nuits, tu m’accompagnais. Solitude, dans les folles journées passées avec toi, le souvenir restera et perdurera. Nostalgie des temps anciens, désormais révolus. En cette éviction je vous considérais comme mes deux meilleures amies, mais vous décidâtes de m’abandonner vous aussi pour des raisons qui me restèrent voilées. Grand bien vous en a été fait, je me retrouvai moi-même, comme je l’avais déjà accompli, encore et toujours. Au final, c’est ça la vie. Un grand cycle. Des gens en qui vous placez votre confiance et qui vous la rende sous forme de coups bas. Je n’avais rien à dire pour ma défense, à croire que je méritais ce qui m’arrivait. Oui je le méritais … je ne savais plus quoi faire, plus quoi dire, mise à part l’envie de hurler, jusqu’à ce que ma voix s’éreinte et s’éteigne d’elle-même. Hurler au monde ce qui n’allait pas, hurler cette confusion contradictoire à la vie qui me semblait si limpide. Solitude, Nostalgie, vous étiez mes confidents, ceux sur qui je comptais. Enfin ceux sur qui je pensais pouvoir compter, mais vous m’avez forcé à changer cela, en partant … J’avais autrefois gagné mon individualité par moi-même, cette fois-ci je leur laissais le privilège de me la donner. Ils me voyaient égoïste ! Alors j’apparaîtrais ainsi !
Cette nuit-là une nouvelle soif apparut en moi, loin de la de la misérable avidité culturelle, loin de cet appétit ridicule. Cette soif là était physique, et irrémédiablement urgente. La conscience me quitta elle aussi et, abandonné par tous et toutes, je me mit en route vers la création d’une nouvelle légende … Celle des vampires …


« Le Temps est un adversaire qui joue en permanence à tous les jeux. N’oublie pas qu’il ne triche jamais, terriblement constant, et qu’il gagne à coup sûr. »

Le temps est un adversaire qui n’a jamais osé me défier, je l’attends encore aujourd’hui, assis sur ce fauteuil, en vain. De toute façon qu’aurait-il à gagner à supprimer le témoin immortel de son action, son éternel gardien, façonné à son image …


~¤~ Chapitre IV – Vampire ? ~¤~

Oh vous avez bien entendu malgré vos capacités d’écoute médiocres. Cette nuit là le mythe des vampires prit consistance. Suceur de sang, strige, exploiteur, autant de noms craints de par leurs significations. Quelles sont ces significations ?! Vous moquerez-vous de moi par hasard ? Non ? Voyons … Un suceur de sa … Ah je vois. Ma question aurait dû, plutôt, être : Qu’est-ce que ça fait de porter ces surnoms ? Une extase spasmodique devant les regards convoiteurs des autres ! Une véritable catalepsie léthargique devant tant de jalousie et d’envie ! Une sublimation névrosée d’avoir ce que les autres n’ont pas, de faire face, tel un monolithe, au temps, ce Dieu immuable. De traverser les âges, d’assister au crépuscule et à l’aube. La fin et le renouveau. D’être éternel et de seconder le Monde dans sa vieillesse. J’étais là au commencement et je serai là quand tout prendra fin ! C’est avec délectation que je vis ces moments d’étrange intensité, seul, toujours seul … Je ne vous parlerai que de cet aspect là pour l’instant car je reviendrai un peu plus tard sur le deuxième aspect marquant du mythe. Un aspect que j’ai évoqué très rapidement déjà … Oui c’est ça, vous avez compris …
Pour l’instant revenons-en à ma vie, là où je l’ai laissée. À la naissance de mon mythe. Suite à cette fièvre d’appétence arriva une vie beaucoup plus simple. Plus de questions ! Plus de réponses à donner ! Juste la folie, la satisfaction et le désir de satisfaction. Je traversai les âges, changeant d’endroit quand la civilisation humaine se rendait compte de mon existence, ce qui pouvait, soit dit en passant, prendre plusieurs décennies. Je m’installais, j’assouvissais mes besoins, puis quand je le devais, je repartais vers d’autres horizons plus cléments. J’assistai à quelques évènements mémorables parfois. J’assistai ainsi à la venu d’un messie chrétien, mais aussi à d’illustres figures européennes, orientales, américaines ou asiatiques. Les années passèrent, les guerres se succédèrent, on m’oublia. Enfin certains me poursuivirent encore et encore, suivant de vieilles indications et de fausses légendes. Mais dans la globalité de l’Histoire, on m’oublia. Moi plus je restais seul et plus la raison m’abandonnait, et ce qui me sauva fut une rencontre plus qu’imprévue. Quoique … Cette confrontation homérique n’avait vraiment rien d’une improbabilité.


~¤~ Chapitre V – Elle ~¤~

J’en viens désormais au fameux point tant attendu. Cette convoitise cupide du corps, ou de l’âme qu’en sais-je. Depuis la fameuse première nuit elle ne me quitte pour ainsi dire jamais. Elle me pourchasse et me force à m’abreuver. Au fur et à mesure du temps j’ai délaissé les animaux, trouvant leur goût trop fade. Puis j’ai délaissé les hommes, trouvant que les femmes avaient une attirance particulièrement plus … Mhmm Attirante ? Bref vous me demandiez ce que je ressentais en étant de cette espèce là. J’ai évoqué devant vous en un premier temps le côté abstrait de la chose. Je passe maintenant au côté concret.
Le 23 juillet 1954, ma vie prit un tournant. Alors que je parcourais les rues de Moscou, laissant voguer derrière moi ma cape sombre, imprimant de chaque pas mes empreintes dans la neige. Le crissement de mes bottes, le grincement des portières, les hurlements, les cris. Tant de sons qui me parvenaient, à moi et à moi seul. Ces sons je les accueillais chacun leur tour, les analysais et en identifiais la provenance. L’odeur acide de l’air, la neige qui couvrait les égouts, le parfum des belles dames se promenant. Les 5 sens étaient pour moi sources d’émerveillement, et en conséquence mon visage affichait en permanence un sourire, quel qu’il soit. Et quel émerveillement ce jour là ! Ce fut d’abord une odeur, un parfum sublime et envouteur. Puis un éclat de rire charmant et enjôleur. Je tournais à un coin de rue pour apercevoir enfin le joyau, l’émetteur de tant de ravissements. Une femme … Une illumination, un bouquet pour les sens, surtout quand ils étaient aussi affinés que les miens. Un regard. La rage bouillonnait déjà en moi. J’hésitais pour ne pas souiller la neige de rouge aujourd’hui. Pas que ce n’était pas dans mes cordes, mais pourquoi agir avant de réfléchir. Moi j’avais encore le choix, elle, elle était condamnée. Je tournais les talons et disparut dans un endroit que seul moi connaissait. La nuit vint, mes choix furent fait …


~¤~ Chapitre VI – Le Marionnettiste/Violoncelliste ~¤~

Du haut de la plus haute tour je ne pus m’empêcher de réfléchir, avant de me mettre en chasse. Je n’avais pas pour habitude de me plonger dans de telles élucubrations. Je chassais mes spéculations d’un mouvement de tête puis je me jetai du haut clocher, en quête de sang. Non pas de n’importe quel sang, du sang de cette jeune fille … Guidé par l’odeur, par la soif, le désir, je ne mis guère longtemps pour trouver le lieu de résidence de ma futur ex-femme de couche. La fenêtre resta béante devant mon apparition et je posai un pied dans sa chambre quand mon adage revint à l’assaut, me laissant pantois, debout les yeux vagues. Je me laissai donc envahir par ces circonspections que je savais intraitables.
Elle me captura, cette diablesse. La proie devint le prédateur et le prédateur la proie. Celle que je préméditais d’abuser puis de tuer résista d’une façon naturelle. Elle prit possession de moi alors que je m’avançais vers elle. Et sur ces entrefaites je me laissai prendre dans ses bras, je l’enlaçai et nous vécûmes tous les deux une expérience étrange mais unique. Elle fut tout et plus encore, le solennel hypnotique. Immuable et folle attraction. Je suis un esclave et je suis un maître. Pas de retenue, j’existe au travers mon désir, elle est quelque chose en moi que je méprise. Cette nuit sembla durer éternellement mais le jour vint et nous dûmes nous quitter. La marionnette que je devins pendant cette nuit là se fracassa sur le sol, encore une fois abandonné, par son marionnettiste cette fois-ci. Nous avions convenu de ne jamais nous revoir mais comment résister à cela ? Je le savais que c’était impossible. Que dès la nuit revenue je me sentirais obligé de revenir la voir, de revenir sur ma promesse. Comment résister alors ? Une seule solution, l’oublier. Mais pour l’oublier Elle, il me fallait Tout oublier. Je savais comment faire …


~¤~ Chapitre VII – Incarcération ~¤~

Dès le lendemain je me dirigeai au travers de la ville vers le prochain le lieu le plus détesté de ma vie. L’action que je m’apprêtais à faire me semblait juste, c’était en comptant avec souffrance et douleur que je voulais oublier l’inoubliable. Déjà brisé, mélancolique, hésitant, je me présentai au bureau central de Russie du KGB, me présentant comme un espion américain détenant des informations importantes sur des dossiers top-secrets (ce qui n’était pas totalement faux). L’effet fut immédiat et irrévocable …
Je disparus de la surface de la Terre …
Je fus interné, enfermé entre des murs gris sales. Parfois je parcourais de longs couloirs froids et humides. Pour me rendre dans d’autres salles plus rudes encore. Puis je devins aveugle à cause du bandeau que l’on me mit sur les yeux. Un monde d’obscurité s’offrit à moi pendant longtemps … Très longtemps … Puis, pareillement, on supprima chacun de mes sens : l’ouïe, l’odorat, le goût, le touché. Les méthodes furent plus radicales … L’acide me calcina la langue, et le feu fit de ma peau un vieux bout de parchemin racorni. Mon nez et mes oreilles furent bouchées. À l’occasion ils m’inséraient des tisons ardents dans ces orifices. Et je naviguais ainsi entre différentes salles, l’enfermement pur et simple, la torture dure et douloureuse. Bientôt je devins automate, ma raison s’habitua et je ne vivais plus que pour me faire charcuter, je comprenais presque pourquoi on m’infligeait ça. Oui je comprenais parfaitement ! Finalement le Temps est un joueur qui joue à tous les jeux, il ne faut pas le sous-estimer. Parce qu’il ne pouvait m’avoir sur son propre terrain, il est venu jouer sur le mien. La mémoire me quitta, tout me quitta … Et mon ancienne vie me délaissa, chassée de mon corps par les tisons, par les scalpels, par les pinces, par le feu, par l’acide … Quand je n’étais réduit plus qu’à un tas difforme de chairs on me relâcha … Par pitié j’imagine …


~¤~ Chapitre VIII – Bilan ~¤~

Au bord d’une route inconnue je repris pied sur le monde réel. Je m’étais reconstitué, mon corps plus resplendissant que jamais, paraissait irréel après l’état dans lequel il avait été pendant mon incarcération. J’errai alors comme un animal blessé, égaré dans l’énigmatique nouveau monde qui s’offrait à moi. Un nouveau départ ? Pour ainsi dire, il fut difficile … J’avais vécu une décennie dans un monde souterrain, coupé de l’extérieur, à subir divers attentats à mon corps. Par-dessus tout, cela faisait 10 ans que je n’avais pas sentis ce liquide chaud, purpurin, couler sur mes lèvres. Cela faisait 10 longues années que je n’avais pas bu de sang ! Au bord de l’extinction je m’isolai de nouveau, ne voulant plus jamais avoir à faire avec cette race maudite. Plus jamais je ne pourrai boire le sang d’une femme, celle que j’avais «oubliée» m’avait laissé une marque profonde dans l’esprit et le corps. Je ne comptais plus jamais refaire d’erreur et je comprenais enfin que c’est en s’informant qu’on évitait les erreurs. Mon voyage initiatique commença donc ici, au bord d’une route de Sibérie. Il n’y avait aucun endroit où je ne pouvais aller, aucun livre que je ne pouvais lire, aucune histoire que je ne pouvais entendre. La moindre information m’intéressait, le moindre renseignement avait de la valeur. Il n’y avait aucun endroit où je n’allais pas, aucun livre que je ne lisais pas, aucune histoire que je n’écoutais pas. Mon pèlerinage ne fut pas de tout repos mais en même temps … J’avais vécu tellement pire …


~¤~ Chapitre IX – Recherches ~¤~

Je trouvai résidence dans un grand manoir d’Irlande où je pu réunir tout un tas de projets et d’expériences. Mon sujet de prédilection fut la constitution humaine, l’anatomie ou le corps humain. Trois noms désignant le même art, la médecine. Plusieurs sujets nécessitaient mon attention comme la mortalité par exemple. Je me devais d’élucider ce mystère en priorité. D’où venait-elle ? Pourquoi les humaines vieillissaient-ils ? Pourquoi mouraient-ils sans aucune raison valable ? Je ne pouvais toucher à mon sublime corps dans un premier temps parce qu’il était absolument parfait, et puis je n’étais pas mortel … Mon manoir se transforma en un salon d’étude de corps humains. Les dissections s’enchaînèrent, et plus que jamais je devenais accro au sang humain fraîchement récupéré. Et puis la découverte de nouveaux organes, de nouvelles fonctionnalités. Toutes ces découvertes. Je ne pouvais plus m’arrêter, la boucle était bouclée, j’avais trouvé ma voie. Un problème subsistait … L’approvisionnement …


~¤~ Chapitre X – Epilogue ~¤~

Mes nuits se firent de plus en plus courtes, ce problème me froissait, il me fallait le résoudre, et vite. Je ne pouvais pas vider la population irlandaise éternellement ! Quoique … Non ! Je voulais disséquer sans répit ! Sans relâche ! Cette baisse de régime me minait, il me fallait des sujets, de nouveaux sujets d’étude. Des cernes foncées m’entourèrent les yeux, je réfléchissais … Mes occupations se limitaient à jouer de mon instrument favori, le violoncelle et jouer aux échecs. Mais je ne pouvais me maintenir en place plus de quelques jours sans quoi l’excitation me rendait dingue. « Le sang, les chairs, les os ! À moi ! Tous à moi ! Je vous dissèquerai tous ! Oh ! » Mais alors que je lançai cette phrase au monde du haut de mon château, je trouvai la solution. Où trouver de jeunes gens frais et en bonne santé ? Où les prendre assez jeunes pour qu’ils soient encore valables dans mes expériences ? Ma candidature pour le lycée Ouran fut envoyée dans les plus brefs délais, mon acceptation immédiate. Pourquoi ce lycée là ? Hahahaha, laissez-moi vous le raconter plus tard si ça ne vous dérange pas, j’aimerai garder quelques sujets de conversation pour nos prochaines rencontres …


Attention, toi qui me lis de ne pas te laisser prendre à mon histoire, de ne pas succomber à mon charme, ni à celui de quiconque. Rien n’est plus traître et plus magique que la musique des mots. De celle à laquelle on ne peut résister.
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